Récipient

CCE de Rambaud (ile de la Réunion)

Photographie : Jacques Kuyten, TAAF-DACOI

En 1761, l’Utile, un navire français, s’échoue sur l’île des sables qui devient l’Ile de Tromelin, à 500 km des côtes de Madagascar et de celles de la Réunion. A bord se trouvent quelque 160 esclaves malgaches, dont la moitié se noie. L’équipage repart, abandonnant les captifs sur l’îlot désert. 80 esclaves sont laissés à leur triste sort : ils resteront 15 ans bloqués sur l’île et oubliés de tous. Sauf, apparemment, de Barthélémy Castellan du Vernet, qui aurait tenté de prévenir les autorités, dont le ministre de la Marine. C’est seulement en 1776 qu’une corvette commandée par Jacques Marie de Tromelin vient les secourir. Seuls sept femmes et un bébé de huit mois ont survécu. Sept fois réparé, ce récipient est représentatif de l'habilité déployée pour le faire durer : découpe de pièces, percement de trous correspondants sur la pièce et le récipient, enroulement de fines tôles de cuivre pour former de petits rivets réguliers écrasés ensuite à l'aide d'un marteau. Sorte de bassine métallique retrouvée sur l'île de Tromelin. Cet objet servait peut-être à conserver l'eau de pluie ou celle recueillie au puits creusé juste après le naufrage de l'Utile. Trouvé par les archéologues devant l'ouverture d'un bâtiment, il semble correspondre à une tradition malgache consistant à placer une cruche d'eau à l'entrée des habitations.

Esclaves oubliés

 

Cet objet est l’un des vingt-deux récipients métalliques adaptés au principe de survie sur le site archéologique de Tromelin, îlot situé dans l’océan Indien et lieu de mémoire de la violence esclavagiste au XVIIIe siècle. Entre 1761 et 1776, ce banc de sable quasi désertique a été le lieu de l’improbable survie d’une partie des rescapés du naufrage de l’Utile, navire de la Compagnie des Indes orientales, parti de Madagascar en 1761 avec à son bord 160 esclaves malgaches embarqués en contrebande. À la suite du naufrage, les survivants construisent une embarcation de fortune dont l’usage sera réservé aux seuls membres de l’équipage qui abandonnent à leur sort les 80 esclaves rescapés. Pour survivre, ceux-ci n’ont d’autre choix que de s’organiser en communauté. Ils créent des abris ainsi que des objets de tous usages à partir des restes de l’épave et des matériaux présents sur l’île. Ce plat, réparé sept fois, témoigne de l’incroyable habileté et capacité d’adaptation des naufragés abandonnés. À l’arrivée des secours en 1776, seules huit personnes ont survécu à ces quinze années d’oubli.

Où le trouver

CCE de Rambaud (ile de la Réunion)

Commune de découverte

Tromelin
Saint magne

Lieu-dit

Tromelin

Type d'intervention

Fouille

Année de fouille

2006

Responsable scientifique

ROMON, Thomas;GUEROUT, Max

Numéro d'inventaire

T06.PH5.015

Domaine

Vie quotidienne ➔ Art de la table

Matériaux

Métal ➔ Alliage cuivreux

Période chronologique

Epoque moderne [1492 / 1789]

Datation de l'objet

1761

Notice du rapport d’opération

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Lien vers l'iconothèque

En savoir plus

Bibliographie

Max Guérout, Thomas Romon, "Tromelin, l'île des esclaves oubliés", 2015 240 pages, co- édition CNRS - Inrap

La galerie muséale bénéficie du soutien de la Fondation Gandur pour l'Art
Réalisé par idéesculture