EXPOSITION : À Trémuson, l'histoire vous regarde ! VISITER RETOUR

À Trémuson, l'histoire vous regarde !

À Trémuson, l'histoire vous regarde !

Quelles étaient les pratiques funéraires des humains à la fin de la Préhistoire ? Pourquoi les Gaulois ont-ils creusé des souterrains ? Comment un manoir breton peut-il disparaître de la mémoire collective ? Autant de questions auxquelles l'exposition À Trémuson, l'histoire vous regarde ! entend répondre.
⏵Adaptée en version numérique, elle fait écho à l'exposition réalisée entre le 21 septembre et le 1er décembre 2024 à la médiathèque Graine de Culture de Trémuson (22). 

Illustration : découverte du buste d'aristocrate
© Stéphane Bourne (Inrap)

À Trémuson, l'histoire vous regarde !

À Trémuson, l'histoire vous regarde !

Depuis une vingtaine d’années, douze opérations archéologiques menées par l’Inrap ont eu lieu sur le territoire de la commune de Trémuson. Elles témoignent d’un riche passé, depuis le Néolithique jusqu’à l’Époque moderne. Rien d’étonnant à cela : son faible relief, son réseau hydrographique dense et la présence à proximité de la vallée du Gouët, ses terres fertiles reliant terre et mer, offrent des conditions idéales. 

Illustration : localisation des opérations archéologiques sur le territoire de la vallée du Gouet (source RGE ALTI®, IGN)
© Joseph Le Gall, Stéphane Jean (Inrap)

Premières traces d'occupation 

Premières traces d'occupation 

Pour les périodes anciennes, les vestiges les plus remarquables datent de l’âge du Bronze (IIIᵉ et IIᵉ millénaires av. J.-C.). Des fosses-silos témoignent d’un habitat tandis que quatre tumuli (dont un a été fouillé) constituent un espace funéraire remarquable. À cette période, la crémation des défunts remplace progressivement la pratique de l’inhumation. 

Illustration : évocation des anciens tumuli de Trémuson
© Laurent Juhel (Inrap)

De la vaisselle… de 6000 ans !

Les récipients en argile cuite comptent, pour toutes les périodes, parmi les vestiges les plus importants pour les archéologues. Ils permettent de dater une occupation et contribuent à la caractérisation de son statut. Un petit lot de céramiques datant du Néolithique moyen (4600-4200 av. J.-C.) a été découvert à Trémuson. Il se compose de vaisselles fines décorées et de récipients utilitaires.

Illustration de gauche: tessons de céramiques et leur restitution, Néolithique moyen, Le Coin des Petits Clos (2016) 
© (gauche)  Emmanuelle Collado (photographie), David Gâche (dessin) (Inrap)
Illustration de droite: décor de boutons au repoussé, Néolithique moyen, Le Coin des Petits Clos (2016) 
© (droite) Emmanuelle Collado (photographie), Théophane Nicolas (dessin) (Inrap)

Marqueurs de rite à l'âge du Bronze

Des dépôts volontaires de gros fragments de céramique ont été observés lors de la fouille des fosses-silos de l’âge du Bronze. Parmi les éléments identifiables se trouvent un couvercle et un vase tronconique, rarement attesté dans la région, mais fréquent en Europe centrale.

Illustration de gauche: fragment de vase tronconique, âge du Bronze ancien, La Colignère Tranche n°2 (2016)
© (gauche) Emmanuelle Collado (photographie), Théophane Nicolas (dessin) (Inrap)
Illustration de droite: fragment de couvercle, âge du Bronze ancien, La Colignère Tranche n°2 (2016) 
© (droite)  Emmanuelle Collado (photographie), Théophane Nicolas (dessin) (Inrap)

Des céramiques parées de rouge

Des céramiques parées de rouge

Certaines des céramiques déposées dans les fosses-silos de l’âge du Bronze se singularisent par le soin apporté à leur finition : surface lissée et engobe rouge. Ces vases sont de bons marqueurs chronologiques puisqu’ils sont en usage au tournant des IIIᵉ et IIᵉ millénaires.

Illustration : détails de céramiques à engobe rouge, âge du Bronze ancien, La Colignère Tranche n°2 (2016) 
© Emmanuelle Collado (Inrap)

Réutilisation d'outils anciens

Réutilisation d'outils anciens

Quoi de plus naturel que de récupérer des outils anciens qui peuvent encore servir ? Lors de la fouille du tumulus de l’âge du Bronze Moyen, des outils en pierre (hache polie) datant du Néolithique ont été retrouvés. L’usage d’outils lithiques ne disparaît donc pas à l’âge des Métaux, certains ont notamment été utilisés par les artisans métallurgistes.

Illustration : marteau de métallurgiste en dolérite et lissoir en schiste, Néolithique/âge du Bronze, La Morandais (2001)
© Théophane Nicolas (Inrap)

Souterrains d'une ferme gauloise

Souterrains d'une ferme gauloise

À l’époque gauloise, en Armorique, les denrées pouvaient être conservées dans des aménagements souterrains tempérés, à l’abri de la lumière. La fouille de la ferme gauloise de « La Ville Hamonet », occupée entre le Vᵉ et le IIIᵉ siècle avant J.-C., a permis la découverte de deux souterrains et d’un cellier.

Illustration : principe de fonctionnement d’un souterrain gaulois (d’après Stanislas Bossard)
© Stéphane Jean (Inrap)

Poubelles atypiques

Poubelles atypiques

Lorsque les souterrains de la ferme gauloise de « La Ville Hamonet » ont été abandonnés, ils ont progressivement été comblés par les poubelles des habitants des lieux. Parmi les rejets conservés se trouvent de nombreux fragments de céramiques qui offrent l’opportunité d’étudier la variété des formes et usages.

Illustration : lot de céramiques laténiennes, 2e âge du Fer, La Ville Hamonet (2021)  
© Emmanuelle Collado (Inrap)

Des vases pour tous les usages

Des vases pour tous les usages

Les céramiques découvertes sur les sites des âges du Bronze et du Fer de Trémuson correspondent à une grande variété de formes pour tous les usages de la vie quotidienne. Des vases, dont quelques-uns ont une surface lustrée ou graphitée, sont ornés de motifs estampés ou incisés. Il est même possible que certains de ces décors puissent correspondre à une forme d’écriture (illustration en bas à droite), fait inédit dans la région.

Illustration : sélection de céramiques décorées, âge du Fer, La Ville Hamonet (2020-2021)s
© Théophane Nicolas, Emmanuelle Collado (Inrap)

Tissage au quotidien

Les métiers à tisser laissent peu de vestiges archéologiques, étant principalement composés de matériaux périssables (bois, cordage). Les pesons sont les principaux témoins de cette activité. Ils correspondent à des poids qui servent à tendre la trame des fils du métier à tisser.

Illustration de gauche: peson en terre cuite, âge du Fer, La Ville Hamonet (2021)
© (gauche) Emmanuelle Collado (Inrap)
Illustration de droite: restitution d’un métier à tisser (d’après Tristan Girard)
© (droite) Stéphane Jean (Inrap)

Du grain à moudre

Jusqu’à la période gauloise, obtenir de la farine nécessite que les céréales soient écrasées à l’aide d’une meule va-et-vient, entre une grosse pierre dormante et une plus petite, la molette, actionnée à la main. Mais la fouille de la ferme gauloise « La Ville Hamonet », un des exemplaires les plus précoces de meule rotative pour l'ouest de la Gaule a été mis au jour. La cohabitation de ces deux techniques montre la transition entre les différents types de moulin.

Illustration de gauche: fragment de molette, âge du Fer, La Ville Hamonet (2021), usage d’une meule va-et-vient du Néolithique
© (gauche) Vérane Brisotto (photographie), Laurent Juhel (dessin) (Inrap
Illustration de droite: fragment de meule rotative, âge du Fer, La Ville Hamonet (2020), usage d’une meule rotative
© (droite) Vérane Brisotto (photographie), Laurent Juhel (dessin) (Inrap) 

Au fond du puits

Au fond du puits

Au lieu-dit de la Morandais, les vestiges d’un habitat aristocratique gaulois, occupé du IIIᵉ siècle av. J.-C. au Ier siècle apr J.-C. ont été découverts. La fouille de son puits a révélé un mobilier remarquable : des objets au statut particulier lié aux rites ou croyances des habitants des lieux y ont été enfouis avec précaution et non jeté. Ils n’auraient pas aussi bien vécu une chute de six mètres !

Illustration : vue du puits de la Morandais 
© CISAP, Inrap

Archaïsme sur certains vases du puits

Archaïsme sur certains vases du puits

Deux céramiques fragmentaires ont été retrouvées au fond de ce puits. Elles présentent chacune une morphologie plutôt rare en Bretagne. Et surtout, elles présentent des caractères archaïques, datant de la Tène moyenne, soit deux siècles antérieurs au contexte du fond de puits ! 

Illustration : céramiques du fond du puits, âge du Fer, La Morandais (2019)
© Anne-Françoise Cherel (Inrap)

Un environnement favorable à la conservation

Un environnement favorable à la conservation

Le niveau de la nappe phréatique du puits de la Morandais est resté constant pendant plusieurs millénaires, facilitant ainsi la conservation d'objets en matériaux périssables ou fragiles. Parmi ceux-ci se trouvaient : une serpette en fer dont le manche en bois est partiellement conservé, un maillet artisanal en bois, ainsi qu’une portion de bois tourné d’un meuble, soulignant le soin accordé au cadre de vie.

Illustration : maillet, serpette et montant de meuble, âge du Fer, La Morandais (2019)
© Emmanuelle Collado (Inrap)

Le seau tripode de Trémuson

Le seau tripode de Trémuson

Le seau tripode trouvé au fond du puits est une pièce remarquable. De petite taille (17 cm de haut pour 16,5 à 18,5 cm de diamètre), il est en bois d’if avec des décors en alliage cuivreux. Il s’inscrit dans une série bien connue en Europe de récipients utilisés le plus souvent lors de cérémonies ou banquets. Dans le cas présent toutefois, l’usage du bois d’if, considéré comme toxique, suggère qu’il a pu avoir une autre fonction.

Illustration : seau tripode en bois d’if, âge du Fer, La Morandais (2019)
© Emmanuelle Collado (Inrap)

Galerie de portraits

Galerie de portraits

Parmi les objets les plus singuliers du comblement du puits de la Morandais figuraient trois bustes en pierre de petites tailles dont seuls les traits du visage sont suggérés. Et au sein de l’édifice principal, une fosse abritait un quatrième buste de plus grandes dimensions et de facture plus travaillée (visage, chevelure, pilosité faciale, torque autour du cou). Sans doute appartenaient-ils à une galerie d’ancêtres dont l’un aurait pu avoir un statut particulier.

Illustration : bustes en stéatite, âge du Fer, La Morandais (2019)
© Emmanuelle Collado (Inrap)

Un manoir oublié

Un manoir oublié

La découverte des fondations d’un manoir médiéval lors du diagnostic au lieu-dit de la Morandais fut une véritable surprise. L’étude documentaire a montré qu’il était le siège d’une petite seigneurie qui a perduré du XIVᵉ au XVIᵉ siècle, ayant appartenu à la famille de Couvran. Sans héritiers directs, le manoir devint la propriété de la branche normande de la famille. Ne manifestant pas d’intérêt pour cette demeure, le manoir tomba en ruine puis dans l’oubli. 

Illustration : restitution du manoir de la Morandais
© Marie Millet (Inrap)

La cuisine du XVIᵉ siècle

La cuisine du XVIᵉ siècle

Les dernières occupations du manoir de la Morandais (XVIᵉ s.) ont livré d’intéressants vestiges de la vie quotidienne. Parmi eux, des céramiques de cuisine. Une marmite, sûrement produite dans un atelier à Lamballe (Côtes-d’Armor), servait à la cuisson, posée sur un trépied dans une cheminée ; un pot à beurre, provenait d'ateliers de Basse-Normandie, indiquant des échanges commerciaux. 

Illustration : pot à cuire et pot à beurre, XVIᵉ siècle, Rues de la Morandais et de la Colignère (2022)
© Emmanuelle Collado (Inrap)

Accessoires de vêtements

Accessoires de vêtements

La fouille du manoir a permis de mettre au jour des éléments métalliques servant à lacer ou maintenir un vêtement, fixer une coiffe… Ces objets peuvent prendre diverses formes : boucle, anneau, épingle, etc.

Illustration : boucle en D, anneaux et épingle, XIIIᵉ-XVIᵉ siècles, La Colignère tranche 2 (2018
© Emmanuelle Collado (Inrap)

Objet en jais

Objet en jais

L'objet en jais (bois fossilisé), comme celui trouvé à Trémuson, n'est pas si courant. Décoré avec un travail précis, son usage reste cependant une énigme. Il est souvent associé à cette époque aux chapelets ou à la parure de deuil mais l’absence de perforation exclut l’hypothèse d'une perle. Sa couleur noire pourrait suggérer un élément décoratif de coffret.

Illustration : objet en jais d'époque Moderne, La Colignère tranche 2 (2018),
© Emmanuelle Collado (Inrap)

Le goût italien

La fin du XVᵉ siècle marque le début de la Renaissance en France et l’arrivée d’artistes ou d'artisans italiens. Des objets découverts lors des fouilles de Trémuson témoignent de ces nouvelles influences : un verre émaillé blanc ou encore une statuette féminine au fin drapé, dont des traces de polychromie subsistent.

Illustration de gauche: statuette féminine, XVᵉ-XVIᵉ siècles, La Colignère tranche 2 (2018)
© (gauche) Emmanuelle Collado (Inrap)
Illustration de droite: gobelet en verre, XVᵉ-XVIᵉ siècles,  rues de la Morandais et de la Colignère (2022) 
© (droite) Emmanuelle Collado (Inrap)

Remerciements

Cette exposition numérique a été réalisée par Yoann Clarey dans le cadre de ces études en Master 2 MAGEMI (Université Rennes 2). Ce stage a été réalisé au sein de la direction interrrégionale Inrap Grand-Ouest auprès du pôle gestion des collections archéologiques de la région Bretagne.

La mise en ligne est complémentaire de l’exposition : 
À Trémuson, l’histoire vous regarde ! 
⏵présentée à la médiathèque Graine de culture de Trémuson du 21 septembre au 1er décembre 2024.  

Remerciements 

Aménageurs :
• Commune de Trémuson
• Saint-Brieuc Armor Agglomération
• SCI TREMU
• Propriétaires particuliers

Prescription et contrôle scientifique :
• DRAC Bretagne - service régional de l’Archéologie

Accompagnement :
⁃ Stéphanie Hurtin, gestionnaire des collections archéologiques, région Bretagne
⁃ Christelle Stagnol, chargée du développement culturel et de la communication
⁃ Laurent Pelletier, direction scientifique et technique, chargé de gestion des collections archéologiques, chef du projet Galerie Muséale Inrap

Responsables de recherches archéologiques Inrap :
⁃ Claire Baillieu
⁃ Laurent Beuchet
⁃ Stéphane Blanchet
⁃ Stéphane Bourne
⁃ Eddie Roy

Référents scientifiques Inrap :
⁃ Vérane Brisotto, lithicienne
⁃ Anne-Françoise Cherel, céramologue
⁃ Emmanuelle Coffineau, céramologue
⁃ Richard Delage, céramologue
⁃ David Gâche, archéologue
⁃ Emilie Godet -Merveilleux, archéologue
⁃ Véronique Guitton, xylologue
⁃ Françoise Labaune-Jean, céramologue
⁃ Océane Lierville, céramologue
⁃ Théophane Nicolas, céramologue

Illustrations Inrap :
⁃ Stéphane Bourne
⁃ Vérane Brisotto
⁃ Emmanuelle Collado
⁃ David Gâche
⁃ Stéphane Jean
⁃ Joseph Le Gall
⁃ Théophane Nicolas
⁃ Marie Millet
⁃ Patrick Pihuit
⁃ Cellule d’intervention sur les structures archéologiques profondes Inrap  (CISAP)

Laboratoires :
⁃ Arc’Antique
⁃ AntePostQuem
⁃ Cellule conservation Inrap
⁃ IpsoFacto

Pour en savoir plus :
► 2020 : Baillieu Claire, Trémuson (22). La Ville Hamonet (parcelles B.2676, 2677 et 2679). Rapport de diagnostic, Inrap Grand-Ouest, Cesson-Sévigné, 2020.

► 2023 : Baillieu Claire, Trémuson (22). La Ville Hamonet : une ferme gauloise des Ve et IVe s avant notre ère. Rapport de fouille, Inrap Grand-Ouest, Cesson-Sévigné, 2023.

► 2020 : Beuchet Laurent, Trémuson (22). La Colignère (tranche 2). L'occupation du plateau de Trémuson, de l'âge du Bronze au manoir de la Morandais. Rapport de fouille, Inrap Grand-Ouest, Cesson-Sévigné, 2020.

► Blanchet 2002 : Blanchet Stéphane, Trémuson (22), La Morandais. document final de synthèse de fouille préventive, Inrap Grand-Ouest, Cesson-Sévigné, 2002.

► Blanchet 2017 : Blanchet Stéphane, Trémuson (22). La Colignère - tranche 2 : des silos de l'âge du Bronze ancien et un manoir du XVe siècle. Rapport de diagnostic, Inrap Grand-Ouest, Cesson-Sévigné, 2017.

 Bourne 2022 : Bourne Stéphane, Trémuson (22). La Morandais : au cœur d'une résidence aristocratique de La Tène finale. Rapport de fouille, Inrap Grand-Ouest, Cesson-Sévigné, 2022.

 Roy 2016 : Roy Eddie, Trémuson (22), Le coin des petits clos, Rapport de diagnostic, Inrap Grand-Ouest, Cesson-Sévigné, 2016.

📖 Brisotto et al. 2024 :  Brisotto Vérane, Cherel Anne-Françoise, Jaccottey Luc, Bourne Stéphane, « Découverte d’un nouvel ensemble de quatre bustes en pierre à Trémuson, Côtes-d’Armor : étude technologique et approche stylistique », dans Olmer Fabienne, Girard Benjamin, Roure Réjane (dir.), Expressions artistiques des sociétés des âges du Fer, Actes du 46e colloque international de l’AFEAF, Aix-en-Provence, 26-28 mai 2022, Paris : AFEAF, p. 121-140.